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Adamo triomphe à Albi !

10 Juil 2017 | Les interviews

Ils étaient venus nombreux, au grand Théâtre, très nombreux même pour voir et entendre leur chanteur préféré, et pour certains, leur idole de toujours. Et parfois de très loin. Quelques-uns ont osé interpeller, entre deux chansons, gentiment, le « tendre jardinier de l’amour », ainsi que le désignait Brel. L’un pour lui réclamer ces premières titres, « Si jamais », l’autre un classique du répertoire des années 60, « A demain sur la lune », (en l’interprétant Salvatore esquisse une danse à la Amstrong), un troisième l’inévitable « Vous permettez, Monsieur » dont les gens mal intentionnés (qui ne lui pardonneront jamais d’avoir supplanté Johnny dans les hits de 65 à 68), n’ont pas saisi la dimension ironique. Leur Salvatore répond avec humour que c’est prévu, qu’il y a « une liste » de rédigée et que, pour la moins connue des trois, il l’interprètera à la guitare, a capella – avant d’entonner Le « barbu sans barbe ». On entend des clameurs en italien, assorties de banderoles. Une japonaise offre à l’artiste son bouquet de fleurs rituel. Et les tubes défilent… Dès le départ, « C’est ma vie », qui résume ce contact chaleureux que Salvatore Adamo entretient avec son public, lequel le lui rend bien. Le cœur « En bandoulière », ancien n° 1, quelque peu oubliée, réhabilitée par le CD de duo du Bal des gens bien. « Comme toujours », qui rend hommage aux années d’or de Salut les copains. « Tombe la neige » évidemment, dont il chante quelques mesures en japonais. « La nuit », sans doute son chef d’œuvre d’alors, à propos duquel le célèbre sicilien nous avouera, après le concert, qu’elle devait être interprétée par Alain Bashung, (la compagne de c dernier a décidé récemment de l’enregistrer à son tour). « Une mèche de cheveux »… La liste serait trop longue. Mais aussi des titres du dernier CD (« L’amour n’a jamais tort », qui le caractérise si bien, ou des précédents (« je te tiens, je te lâche plus », qui concluait le film de Chantal Lauby : Tes mains sur mes hanches (encore un tube ! sans doute le plus connu de cet italo-belge qui a vendu 100 millions de disques). Adamo, passé quelques secondes d’émotion en début de concert devant la ferveur du public, se sent vite très à l’aise : il danse, plaisante¨ (notamment sur les insup-« portables », dit-il en présentant « Les belles personnes »), improvise des enchaînements parlés enter les morceaux, s’amuse avec ses huit musiciens complices, remercie bien sûr, comme il sait si bien le faire. Et c’est « L’écrin », de 1971, un petit bijou poétique, quelque peu méconnu. Le public ne s’y trompe pas, qui applaudit deux bonnes minutes sans discontinuité et clame son enthousiasme. Salvatore, après le concert, nous avouera avoir eu du mal à enchaîner. Il nous confie que c’est probablement la mélodie, qui a ému les spectateurs, leur rappelant certains airs des années 50, du Ferré, du Lemarque. Excusez du peu. Pour ce qui me concerne, j’opterais plutôt pour la qualité poétique du texte, qui a « sidéré » (je cite de mémoire une voisine de spectacle), le public venu essentiellement par nostalgie des grands tubes. Interrogé sur la dose importante de chansons des années 60-70 dans ce concert albigeois, l’interprète du « Petit bonheur » a rappelé que c’est ce même public, par ses demandes, qui l’a amené à puiser en priorité dans ce lointain répertoire (« Le néon », « J’aime », « Ma tête », « Accroche une larme aux nuages »), avec quelques mots en allemand. Ce qui lui fait regretter de n’avoir pas interprété deux ou trois nouvelles de plus, d’autant qu’il se dit heureux de l’accueil  réservé à ses nouveaux titres. Car le public semblent avoir adopté, les chansons plus récentes : « Mon voisin sur la lune », satire de ceux qui renient leurs idéaux de jeunesse, « O monde », où il énumère tout ce qui ne va pas, et incite le poète à s’éloigner du bruit et de la fureur, lui qui chante également : « Je viens de plus loin » et « C’est toi que je préfère », très rock n’roll, ce que le public apprécie. On ne peut tout citer mais à l’applaudimètre, à part « L’écrin », c’est « Inch Allah » qui l’aurait emporté, le chanteur se désolant d’avoir encore à l’interpréter cinquante ans après. Et une toute nouvelle : « C’est toi que je préfère » à comprendre à deux degrés. « Chantez », du dernier album également, où il exprime sa position de citoyen du monde par rapport à la violence et à l’intolérance actuelles. Car on en le dit pas assez : outre les chansons fantaisistes qui ont fait son succès (Le génial « Les filles du bord de mer, qui voit le public, lors du final, envahir littéralement les avant-scènes, en douceur et profondeur), et bien  sûr les chansons dites « fleur bleue » (« J’avais oublié que les roses sont roses »), Adamo s’est toujours impliqué dans des causes nobles : la paix, la liberté, la tolérance, la fraternité, la différence, l’enfance, l’amour tout bêtement, et l’amitié (l’émouvant : « Je vous parle d’un ami »)… Adamo a enfin interprété, accompagné d’un orchestre en grande forme (avec cuivres violons, guitares et une excellente batterie), une bonne trentaine de chansons, se donnant manifestement à fond avec un plaisir non dissimulé. C’est qu’il fait partie de notre patrimoine et peut être considéré à présent comme l’un de nos derniers grands, ce dont son public a bien conscience. Au bout de deux bonnes heures de concert, à peine épuisé mais ravi, euphorique même, le chanteur a pourtant pris le temps de nous recevoir, afin de nous confier le secret de sa forme : l’enthousiasme collectif du public, très perceptible côté spectateurs mais aussi côté scène. Même si sa gentillesse légendaire fait que l’on a envie de l’appeler Salvatore, je conclurais en  disant : Revenez-nous vite Monsieur Adamo. Pour nous interpréter les nouvelles chansons que vous avez prévu d’enregistrer, après les vacances, à la rentrée. Et peut-être d’autres pépites de votre répertoire qui restent à découvrir (« Les collines de Rabbiah, Si tu étais, Mourir dans tes bras… ». BTN (un fan, on l’aura deviné : « Je vous parle d’un ami »).

 

 

 

 

 

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