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Toulouse : Liliana Porter et Tabita Rezaire, une double exposition aux Abattoirs jusqu’à la fin de l’été

20 Avr 2023 | Art & Expos, Haute-Garonne, Musées

Nous vivons une période de profonds bouleversements, au sein de laquelle les revendications féminines jouent une place non négligeable, et l’art s’en rend l’écho, qu’il s’agisse de personnalités qui, par leur force de caractère et leur créativité, ont réussi à émerger du lot, ou de plus jeunes, qui y ajoutent des spécificités liées à la couleur de leur peau, ou d’appartenance à un peuple opprimé. C’est le cas pour Liliana Porter et Tabita Rezaire, toutes deux présentées aux Abattoirs jusqu’au 27 août. 

Liliana Porter fait partie des premières et le public français pourra découvrir les deux volets de sa riche production qui s’étale sur six décennies, dans ces anciens Abattoirs devenus un complexe muséal de premier plan. D’une part, l’œuvre gravée, qui est à l’origine de la démarche de cette Argentine d’origine installée à New York, alors que sévissait la fièvre du pop art et des reproductions en série, sur le modèle des affiches et des posters. Mais, c’est surtout avec ses photos en noir et blanc, où les parties du corps se mêlent à des figures géométriques, que son œuvre attire l’attention. Elle y réconcilie en fait la figure et la forme, le volume et le dessin, le concret et le supposé abstrait (peut-être le féminin et le masculin), et offre une vision fine et décalée des propositions minimales, et conceptuelles qui s’affirment alors. Ces images créent une interrogation, un mystère, quant à savoir qui domine de la main ou de la forme abstraite alors que les deux, antinomiques et pourtant conciliées, s’exhibent sur le même plan. Elle recourt également au fil, élément à la fois fin et connoté par la féminité, de manière à sortir du plan pour se développer ou fixer, sur le mur ou dans l’espace. Dans la deuxième partie de son œuvre, et l’on en découvrira deux inédites aux Abattoirs, elle recourt à des installations imposantes, dont la base est constituée d’innombrables objets récupérés dans les marchés aux puces et recyclés dans ses œuvres, d’autre part à des figurines de toutes sortes à partir desquelles elle crée de véritables mises en scène ou narrations, sans se départir des influences populaires de ses débuts. D’où son recours à la porcelaine, rutilante et même kitch. C’est élégant, souvent drôle, essentiellement satirique, ludique et cela touche tous les publics, y compris les enfants. Tel est le Jeu de la réalité… Et cela montre que la femme, a fortiori artiste, n’est pas vouée à la seule naissance, subie, de la procréatrice, mais à la renaissance de la créatrice authentique et active.

Tabita Rezaire nous vient de Guyane, elle est encore assez jeune pour que son œuvre, déjà reconnue, soit chargée de tous les devenirs. Elle se met en scène dans des vidéos ou impressions digitales de façon à jouer l’intercesseur entre nous et l’univers tel qu’elle le conçoit dans sa culture et ses références autres. Ses mises en scène, ou en images, ressemblent à des rituels où le corps trône parmi de multiples éléments empruntés à la réalité numérique. Ainsi l’artiste définit-elle son rapport au monde dans une vision non dictée par la rationalité, par les critères dominants, qu’ils soient virils ou impérialistes. En fait, elle mêle les technologies les plus avancées à ses spécificités culturelles telles qu’elles s’inscrivent dans les traditions millénaires. Les éléments interviennent, l’eau, l’air, la terre dans son appréhension cosmique qui correspond à une philosophie de vie. Le prouve la fondation d’un site, en forêt amazonienne, où s’exprime l’importance qu’elle accorde au corps (yoga ou doula), à la culture ancestrale du cacao, à l’astronomie… Chacune de ses installations devient un portait où effectuer un voyage dans de nouvelles dimensions, qui tient du rêve, de l’expérience cosmique, de la magie et d’une réorganisation poétique du monde. Telles sont ses Connexions élémentaires.

BTN

Plus d’informations : lesabattoirs.org

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