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« Permafrost » à la Panacée jusqu’au 30 août à Montpellier

6 Août 2020 | Arts plastiques, Expos, Hérault

La situation inédite à laquelle nous avons été confrontés a mis en évidence notre relation problématique à la nature. Les onze artistes, de tous les horizons, plus intuitifs que les autres spécialistes de la vie mentale et intellectuelle, y avaient été sensibles depuis plusieurs années, ce que prouve avec évidence cette exposition que les circonstances poussent à prolonger.

Permafrost présente par exemple, deux vidéos en diptyque suivant la tragique migration des buffles d’eau dans une Turquie suburbaine sur-urbanisée. Cette œuvre d’Ozan Catalan est accompagnée au sol d’un authentique squelette de buffle.

Une autre œuvre frappe l’imagination, par sa pertinence mais aussi par sa réussite esthétique. A partir de sons enregistrés sur des chantiers, Dora Budor fait naître des cratères suscités par l’énergie sonore sur un champ de pigments, à la base désert. Il s’agit de caissons de à Turner. Ainsi peut-on constater l’effet de la présence humaine.

La Londonienne Eloïse Hawser est sensible à l’exploitation des déchets, ce que prouve sa vidéo. Ainsi s’adonne-t-elle à des compressions métalliques, à des jeux d’empreintes de ressorts de matelas sur altuglass ou à de simples érections de tuteurs.

Les deux dessins à l’encre de Deniz Aktas, d’une minutie sidérante, reproduisent l’un une simple souche déracinée, l’autre un nid de rubans de métalliques, frappent l’attention, mais bien plus encore le grand mur de pneus qui obstruent l’horizon.

Nina Beier a déposé devant celui-ci, des fragments d’asphalte surmontés de fragiles barres de chocolat. Cette artiste sait l’art d’associer des entités contradictoires ainsi que le prouve l’une des œuvres majeures de cette exposition : ses lavabos, épars dans l’espace, littéralement sodomisés par de gros cigares, œuvre qui peut se lire à plusieurs degrés (politique, technique, féministe, psychanalytique, esthé- tique avec au passage une référence malicieuse à Duchamp).

L’œuvre de Rochelle, Goldberg associe le céleri-rave et l’or, la soupe de sable et le bronze antique, le plastique ou le carton et l’eau. Dans la plus grande salle de la Panacée, vouée à l’hybridité, le duo Parkui Hardware nous plonge dans un univers artificiel, aux formes suspendues, fantômes du futur avec une question troublante sur le statut du corps à venir.

Les photocopieuses déjà surannées de Nicolas Lamas, associées à des copies de bustes antiques rappellent le constant besoin humain de reproduire le réel et la relative brièveté de nos techniques. Ses casques font de nous des robots qui révèlent leurs viscères, tout en fils intégrés.

Laure Vigna suspend des haillons de bioplastique à des structures métalliques qui lui fournissent une sorte de stabilité métrique. Tout semble récupérable en art, y compris les fragments déchirés. Michel E Smith associe des matériaux improbables (gant de baseball en cuir et un coquillage ; clavier d’ordinateurs et flocons d’avoine) dans l’intention de susciter du sens.

Enfin, Max Hooper Schneider nous entraîne dans un univers posthume, ottoman, fantaisiste et carnavalesque, un film d’animation qui incarne les dissensions Esprit/Corps. Un carré de pastèques s’insinue entre nous et l’écran, avec humour et distanciation.

Toutes ces œuvres interrogent notre époque, emportent l’adhésion ou mettent mal à l’aise, du moins ne laissent-elles pas indifférents, de se reproduire ou d’avoir été trop explorées. Une expo que beaucoup auront vue avant le confinement, mais qu’il faut avoir vue après.

Plus d’informations : moco.art

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