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L’Art-vues a lu | « D’autres espérances » d’Alain Monnier, par BTN

1 Août 2025 | Livres, L’Art-vues a lu

On savait depuis Signé Parpot, roman inventif bien en phase avec la société des années 80, que le Toulousain Alain Monnier était un écrivain majeur. Une vingtaine de livres plus tard, ayant œuvré dans tous les genres, le 2ème volume de cette saga familiale vient le prouver, qui  évoque le destin d’immigrés italiens, ayant fui la misère, le fascisme et installés dans le Gers,  la France profonde et rurale.

Le premier tome, D’autres terres que les nôtres, évoquait la première moitié du XXᵉ siècle, riche en drames et péripéties, la difficile installation, le dépaysement, le dur labeur quotidien. Le 2nd démarre dès l’après-guerre, alors que la situation des nouveaux venus s’est stabilisée. Or si l’histoire vous joue toujours quelque tour imprévisible, il n’est pas d’histoires sans imprévus qui viennent déjouer tous les calculs. Un accident, la vente intempestive d’un domaine, un mariage inacceptable, la guerre d’Algérie et ses conséquences…  Le roman de Monnier se situe dans la tradition des Jules Romains ou Georges Duhamel qui ont illustré les lois du genre et découpé ainsi des tranches d’époque et de vie. Nous assistons à l’apparition du premier tracteur, de la télévision, des grues démesurées…

Notre Toulousain a l’art de composer son livre en alternant les focalisations sur tel ou tel personnage, et dieu sait s’il y en a, de prénoms en o et en a, ce qui fait que l’action ne se limite pas au milieu rural, mais déborde sur un village, sur la grande ville voire sur la capitale et bien sûr sur l’Italie, car on n’efface pas d’un trait tout un passé, personnel et collectif. Au fil des années, on voit certains choisir le commerce (ce qui permet de traiter du poujadisme), d’autres l’enseignement, l’entreprise de bâtiment, avec plus ou moins de succès. Toutefois, la question qui hante l’ouvrage est celle de l’engagement, si prégnant dans les années 50-60.  De la vengeance même, ou du moins de la position à prendre face à des crimes horribles et restés impunis. Certains préfèrent oublier, mais l’histoire nous rattrape tous un jour et nous oblige à choisir, surtout si choisir est la seule issue face à une situation cruciale qui serait sans cela insoluble.

L’histoire se finit comme un conte, par un heureux mariage, improbable et hybride : franco-italien, noble et paysan, héritier des deux grandes idéologies extrémistes qui ont divisé le monde. Un épilogue précise le sort post-romanesque des protagonistes. Il donne ainsi une bonne leçon de relativité. Rien n’est jamais acquis à l’homme…

BTN

Éditions Privat

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