À Montpellier, du 13 février au 10 mai, Mécènes du Sud poursuit son chemin qui n’est point bonhomme, mais offensif puisqu’il ne cache pas son soutien à diverses causes : féminine, queer ou aux minorités opprimées… Ce lieu d’art qui s’appuie, comme son nom l’indique, sur du mécénat, propose ainsi des expositions qui dérangent le confort habituel du visiteur pour qui l’art est davantage une question de formes rassurantes que de fond troublant.
Elle empêche les choses de dormir, on pense au travail quotidien de la ménagère, titre de l’expo, ne déroge guère à la règle. La commissaire Karine Schlageter y met en exergue un poème de la Marseillaise Laura Vazquez issu du recueil Dans le soleil d’un nouveau-né. En fait, il s’agit d’une double proposition, l’une en Bretagne, l’autre à Montpellier, les artistes dépendant du projet Viva Villa, qui rassemble quatre lieux célèbres de résidence, toutes disciplines confondues (Médicis, Velázquez, Albertine et Kujoyama).
Les travaux d’artistes gravitent autour du texte auquel Roxane Maillet offre un répondant visuel et une identité graphique. Parmi les œuvres à retenir, celle de la regrettée Sayako Kishimoto, qui s’illustrait sur la capacité d’inverser en peinture le Haut (Le pouvoir) et le Bas. Comme sa compatriote Mako Idemitsu pour qui l’expérimentation vidéo aura été un moyen de (se, nous) prouver qu’elle n’était pas seulement l’épouse dévouée du peintre Sam Francis. En résidence à Montpellier, Aya Momose réalise une vidéo, à deux colonnes, sur le thème de Jonakaan et d’une Salomé numérisée qui reproduit les gestes du supposé saint homme dans une intention d’impossible communication. La technologie et ses prouesses semblent le cheval de bataille de Cindy Coutant, qui lui ajoute cette part d’imaginaire qui pourrait la rendre plus humaine. De son côté, Raphaël Barontini colle sur un même plan, dans ses tapisseries, des personnages de héros différents dans le but de réinventer l’histoire, en particulier de l’esclavage et de la colonisation. Des abus de pouvoir donc.
La plupart des artistes cherchent à réécrire les mythes à la lumière de l’éveil des consciences. Il y a aussi le duo mixte Pétrel/Roumagnac qui tente une osmose entre photographie et théâtre, et modifie les éléments combinés relevant des deux arts en fonction du lieu investi. Et le duo Louise Hervé/Clovis Maillet qui filme ses performances dans une intention prospective portant sur la transmission des savoirs. De quoi donner à réfléchir.
BTN
Plus d’infos : mecenesdusud.fr